Rendez vous de Saint Germain
Je n’ai pu résister à venir de bonne heure
La regarder descendre avec grâce et finesse
Avec cette élégance et ce port de duchesse
Qui lui va à ravir, tout en elle est douceur.
La voici que s’approche elle marche sereine
Vient s’asseoir sur le banc de notre rendez vous.
Ses effluves me viennent et je me sens ému
Que va-t-elle penser de ma pauvre tenue.
Son ombrelle me cache désormais son visage
Mais je n’ai plus le choix je me dois d’avancer.
Osons car maintenant je n’ai plus qu’un rivage
Celui ou son cœur est que j’adore en secret.
Je vais me présenter m’avancer devant elle
Elle a sentie mon pas et lève son ombrelle.
Ses yeux bleus sont sur moi et dans ses mains ma lettre
Son regard est étrange, je ressens un mal être.
Elle me tend la main que je baise aussitôt
Dieu que vous êtes belle ! Vous n’êtes plus un rêve
Je vous vois là assise et je n’ai plus de mots
Le silence s’installe et mon regard s’achève
Devant cette douceur que je lis dans ces yeux.
- Ainsi mon cher poète c’est vous qui écrivez
Ces rimes douces et tendres qui me sont destinées,
Je l’avoue maintenant, mon cœur est très heureux
Mais n’est ce point trop tôt de me tant désirer
Que savez vous de moi si ce n’est que ragots.
J’avais lu votre lettre et j’avais le cœur gros
De penser que quelqu’un m’avait pu dévoyer.
-Non Madame il n’est jamais tôt pour aimer
Songez que le temps passe et s’enfuit à jamais.
Que restera t il donc de vous savoir aimée
Si vous me refusez votre cœur de ce fait.
-J’ai déjà sur mon cœur ce beau bouquet de roses
Je ne puis vous donner aujourd’hui ma réponse
Marchons donc tous les deux et faisons une pause
Je m’en vais réfléchir, votre proposition me ronge.
-Si vous le permettez donnez moi votre bras
Dans ce parc merveilleux nous ferons connaissance
Vous me raconterez au rythme de vos pas
Votre vie et vos goûts que j’aimerai d’avance.
-Ainsi ce que l’on dit sur vous n’est que mensonge
Vous avez des jaloux qui aimeraient compter
Peut être en votre cœur sans pourtant vous aimer
Ce sont des malappris, Madame quand j’y songe.
-Vous savez, être belle a parfois des atouts
Vous êtes courtisée dans les salons huppés
Et si je suis souvent parmi les invités
J’aimerais être seule, parfois je suis à bout.
Mais pourquoi donc rester avec ces jeunes fous
Qui n’ont de vous envie, sur un lit vous coucher.
Voyez donc le mépris qu’ils doivent colporter
Puisque à mes oreilles j’ai ouie mauvais coup.
Ils vous prennent sans doute pour une courtisane
Un moment avec vous est si vite passé
Je sais que je n’ai pas le droit de les juger
Mis je sais qu’en mon cœur leur façon est infâme
-Le monde n’est point simple mon ami savez vous
Si je vis à Paris ce n’est de mon plein gré
Ma famille est ici, mon père est député
Je dois l’accompagner et je m’ennuie beaucoup.
Mais revenons à vous, pourquoi être accoutré
D’une étrange façon car vos habits m’étonnent.
Vous venez de province, j’en suis persuadé
Depuis combien de temps suivez vous ma personne.
-Je suis bien de province, du Dauphiné Madame
Mais je ne vous suis point, je vous ai aperçu
Marchant dans ces allées quand le printemps venu
Vous aimiez à rêver sur les bords de la Marne.
Et depuis ce jour là sans même avoir pensé
J’ai décidé d’écrire combien votre beauté
Pouvait glisser ainsi sur mes pauvres feuillets
Et ainsi vous décrire et vous imaginer.
Il va de soit bien sur que je n’aurais osé
Venir ainsi vers vous, cela ne se fait pas.
Mais ce sont ces ragots qui m’ont alors poussé
A écrire ces mots qui menaient au trépas.
-Rassurez vous Monsieur, j’ai lu tous vos écrits
Vos rimes sont très belles, elles m’ont ébloui.
Si vous le désirez et je vous l’autorise
Continuez d’écrire afin que je vous lise.
le loup 21.02.08