l'autre mondeIl est d’étranges soirs d’où surgissent mes rêves
De sublimes pays où s’efface mon corps
Lorsque la douleur à l’oubli sonne du cors
J’erre par ces forêts qu’une nouvelle sève
A tirées de l’asphalte et vais heureuse alors
Je noie aux sources le goût corrompu des villes
Et je renais enfin à l’antique saveur
Des couchants s’écartelant de mille couleurs
Tandis que se bercent les eaux tout près d’une île
De cygnes de roseaux et de saules pleureurs
La barque du pêcheur est l’unique refuge
Le char bercé d’aurore où repose l’espoir
Au fil des souvenirs je glisse dans les soirs
Que vient me dessiner l’habile subterfuge
Le désir en est doux et j’en ai le pouvoir
J’arrive en un séjour que peuplent les amants
Le jour y meurt d’azur dans un rêve de lune
Et de l’eau qui s’endort un sillage d’écume
Vient modeler le soir aux mauves du couchant
Phares des roseaux bleus les nénuphars s’allument
Le soleil s’ophélise au cœur de mon étang
Tandis qu’en pleurs d’argent le croissant s’illumine
L’oiseau de mille voix dit la douleur divine
Tout l’amour du monde et comme un enchantement
Sa musique déferle et me fige invisible