Lorsque le jour décline, que les ombres s'étirent
Que tout devient mystère, entre peurs et désirs
J'aime à venir poser mon indigne regard
Sur ces terres sacrées que seul le pieux peut voir
Postés à la frontières des terres consacrées,
Les deux gardiens d'albâtre couronnés d'ocre fin,
Deux monts aux arrondis par les dieux façonnés
Se présentent à mes yeux d'humble et pauvre pèlerin
Je me souviens encore de l'émotion fébrile
Que je connus le jour où il me fut donné
Le rare privilège de gravir sans péril
Ces collines divines, ces saints et beaux sommets.
Enivré de l'honneur qui m'était accordé
Tout à la fois curieux et empli de respect
J'avais timidement progressé à pas lents
En spirales légères tout le long de ses flancs
Parvenu au sommet, j'avais osé poser
Sur l'horizon lointain mes yeux écarquillés
Pour découvrir enfin ces territoires promis
Ces plaines ondoyantes aux richesses infinies
Des parfums enivrants s'élevaient de ces plaines
Chargés de doux espoirs, de promesses de joies
Hypnotiques et puissants comme un chant de sirène
Ils capturèrent mon âme et mon coeur aux abois
Le paradis attend, la légende nous dit
Celui qui, par le biais d'un rituel secret
Traverse pieusement cette nappe d'organdi
Qui est le blanc parvis du grand temple sacré.
Troublé encore ce jour par mon élan d'audace
Je me vois sinuant sur le doux satin blanc
Découvrant que lenteur et patience pugnace
Me rendait plus joyeux, plus fort et plus vaillant
Et lorsque j'arrivai au bout de mon errance
Au seuil de la vallée qui abrite un sanctuaire
Que la déesse mère a fait doux voluptuaire
Je m'approchais gonflé d'une solide confiance.
Qu'il fut doux de franchir le seuil ésotérique
Du spéos vénéré, que j'avais tant cherché
De pousser doucement ces portes hiératiques
Pour pénétrer enfin dans l'ombre immaculée.
L'honneur qui me fut fait, n'obtint jamais d'égal
Que le moment béni en cet iconostase
Où j'aperçus, furtif, le jardin des régals
Où je touchais du doigt l'ultime joie, l'extase....