le grand voyage
Allons ; suivez-moi, nous partons en voyage ;
Elle n'attend plus que nous l'Afrique sauvage.
Celle qui, en son sein, a vu naître la vie ;
Elle nous attend ; à ses beautés nous convie.
Nous irons voir les grands guerriers Massaïs
Dressant dans les plaines leur haute taille,
Moins jaloux de leur femmes que de leur bétail
Aux si larges cornes et à l'étroit poitrail.
Nous serons muets au Kilimandjaro ;
Ses neiges au sommet nous voleront nos mots ;
Et devant les hippopotames immergés
Dans les eaux du Victoria nous pourrons rêver.
Au Goren-Goro, le récit d'un marabout
Nous dira la lente transhumance des gnous
Qui, pour échapper aux dents des crocodiles,
N'osent compter que sur leurs pattes agiles.
Nous irons admirer la course des lionnes
Quand elles chassent dans les herbes qui frissonnent
Pendant que sous un arbre les mâles paressent
Près des lionceaux qui quémandent des caresses.
Nous pourrons tous les voir, les zèbres et les girafes
Qui vont l'amble en dressant si haut leur long cou,
Les singes joueurs et les vautours chorégraphes,
Ces éboueurs du ciel qui planent par à-coups,
Et, saisis de respect devant les éléphants,
Nous baisserons la voix pour parler doucement
Afin de ne pas trop déranger ces géants.
Parmi tant de beautés, nous serons des enfants.
Le soir venu, sous un grand soleil qui rougeoie,
En voyant cet horizon qui, au loin flamboie,
Nous chanterons d'allégresse et de joie
Accompagnés par les youyous des villageois.