Il s'agit encore d'une chanson au texte un peu plus sombre que la précédente, et dont je ne peux malheureusement pas vous donner la mélodie:
J'inspire une dernière fois
Un peu de crasse citadine.
Cigarette, en sixième doigt
Pointe vers un astre livide.
Les ombres des façades dansent
Sous l'oeil insipide et blafard.
La pluie se mêle à la cadence,
Tout s'enroule dans l'air du soir...
Je conserve mon élégance
Malgré le sinistre tableau :
Poignet cassé, regard d'absence,
J'y envoie valser mon mégot.
La pudeur cède à la musique
Et je fredonne une chanson.
Je sais parfaire le pathétique,
Je suis éleveur de pigeons.
Des traces d'eau sur les carreaux,
Vue sur les façades cendrées.
La poussière s'y est faite ruisseau
De sombre bitume enfumé.
Elle grimpe les murs de béton
Et se déploie dans le ciel gris.
Là, un moineau sur le balcon
Est sans doute tombé du nid...
Ballustrade comme prison,
Il a fini oiseau en cage.
Puni d'avoir voulu trop tôt
S'envoler vers la vie sauvage.
Triste dépouille symbolique,
Je lui joue un peu de violon.
Je sais parfaire le pathétique,
Je suis éleveur de pigeons.
Herbe humide et herbe en fumée,
Plantation de restes de joints.
Voyez la nature enfermée
Dans des caprices citadins!
ça fume un peu, ça bit, ça joue
Sur des tambours aux peaux percées.
ça chante un peu, ça crie beaucoup,
L'oeil rouge et le coeur délavé...
Sans doute, ou tu coules ou tu crèves !
Pardonnez à ces marginaux
Qui s'accordent juste une trève
Avant d'écoper de nouveau.
Des rythmes sourds et sataniques
Et moi je danse avec passion.
Je sais parfaire le pathétique
Je suis éleveur de pigeons.
Je suis artiste de bitume,
je suis peintre de déraison.
Je suis banquier de l'amertume
Je suis ton abri, ta prison.
Comme je savoure ta détresse !
Je bois tes larmes avidement.
Dans ta fureur, dans ta paresse,
C'est de moi que ton coeur s'éprend!
Et toujours ces yeux noirs et ronds,
Les charognards mangeurs de rêves.
Je passe, le sourire aux lèvres,
Je suis éleveur de pigeons....