Obstination
Impasse de Paris… Mordante incertitude
D’un millier d’audacieux servant d’âpres desseins.
Milliers d’êtres traqués par une solitude
Plus dure que l’ennui, ou la honte, ou la faim
J’ai quitté, sans remords, l’ombrageuse colline,
Ses îles de brouillards où j’ai dormi longtemps
J’ai muselé mon cœur dont la tendresse incline
Aux craintes, aux pardons, et même aux reniements !
Si je fus un fuyard, j’affronte les années
Jusque dans leur secret, jusque dans leurs réduits.
Solitaire et têtu, je guette les trouées
D’un horizon fermé aux germes de la nuit.
Si je fus un fuyard, je nargue l’épouvante
Des fantômes figés, grimaçant dans mon dos.
Solitaire et têtu, sur ma route mouvante,
Je poursuis mon destin, libre de tout fardeau.
Je partirai, vibrant, vers les berges du songe,
Très tôt, dans le matin angoissant et glacé.
Malgré le souvenir qui s’acharne et qui ronge,
J’irai le pas léger, solide et compassé.
Sans fardeau, solitaire, et gorgé d’espérance,
Rien ne peut m’exiler de ma race et mon sort.
Rien ne peut m’accabler, hormis la suffisance.
Nul ne peut m’attacher, sinon blessé ou mort.