La ménagerie
Dans ma gorge, y'a comme un chat,
Un hérisson dans mon estomac ;
Dans mon cerveau, une araignée
Qui tisse et englue mes pensées.
Dans mon coeur, sinistre harpie,
La peur plane et pousse des cris ;
Dans mes pieds, des milliers de fourmis
S'agitent comme il est pas permis ;
Dans mon âme, souvent, des cafards
Laissent traîner des idées noires.
En moi vit une ménagerie
Où nulle bête n'est une amie.
J'aimerais pourtant bien héberger
D'autres animaux pour changer.
La voix d'un rossignol pour chanter
De doux mots d'amour ou d'amitié ;
Un ruminant pour bien digérer
Ce qui me fait souffrir et douter ;
Une blanche colombe pour la paix
Et, dans le calme, me reposer ;
Quelques abeilles travailleuses
Butinant des pensées heureuses ;
Un petit grillon porte bonheur
Stridulerait d'heure en heure.
Je l'avoue, je serais enchantée
D'abriter cette arche de Noé ;
S'il m'était possible de choisir,
C'est eux que je laisserais venir.