Vieux texte, deux ans d'âge, je n'écris plus à vrai dire... mais quitte à passer sous les fourches caudines de vos plumes aiguisées, c'est ce poème ci qui s'imposait.
(pour Benjamin, 1985-2001)
Y a un bébé dans l'monde, il l'ont appelé Pierrot
Il a hurlé trois s'condes après ton dernier mot
Une famille se fonde, on occupe un berceau
Quand ta mère vagabonde et découvre ton caveau.
Peut etre que pour chaque tombe, on construit un landau
Ché pas j'suppose j'abonde dans l'discours des cathos
Leur quête nauséabonde d'une raison à chaque maux
Remballez vos colombes et rappelez vos corbeaux
Le monde suivait sa ronde avant vos cardinaux
J'm'en vais rejoindre la haut, mon ptit pierrot la lune
Et j'l'accueillerais sitot, de toute ma rancune..
J'le connais pas le sens, la logique de la Terre
Et si Dieu est en transe, qu'son monde tourne à l'envers
J'me dis qu'on a d'la chance, la vie se laisse pas faire
J'admire son insistance, sa force de caractère
Parce que quand on y pense, d'puis l'temps qu'elle perd sa guerre
Elle fait preuve de patience, ou d'folie meurtrière
Et chaque nouvelle naissance porte son âme militaire
Mais ton adolescence, elle repose dans l'cimetière
J'enrage de ton absence et bon anniversaire
Pierrot éclate de rire, ça réchauffe le foyer
Ton frère cadet soupire et avale son cachet
J'pourrais bien raconter tout c'que t'as pas connu
T'dire le goût d'un baiser ou l'ambiance d'un bahut
Te dire c'qui a changé, depuis qu't'as disparu
J'voudrais bien t'expliquer, toi qui n'a qu'aperçus
Tout c'que tu peux manquer, tout c'que tu n'verras plus
Des valeurs bafouées, des amis corrompus
Deux vieux amants grisés, l'aide d'un inconnu
Et pouvoir tout claqué, suivre ton coeur éperdu
J'crois qu'tu aurais aimé, comme nous à ton insu
Et si je pouvais peindre la lune de Pierrot
Je la ferais étreindre ta maman en sanglots
Aujourd'hui quand je ris, je pense un peu à toi
Ché pas bien c'est comme si, j't'offrais un peu d'ma joie
Ton souv'nir s'évanouit et m'échappe quelque fois
J'me confonds dans l'oubli comme dans du chocolat...
Même quand j'ai des ennuis, je t'en blâme parfois
De me laisser meurtrie, bien trop faible au combat
Et puis je réagis et puis je me débats
Parce que la leçon d' vie que tu n'apprendras pas
C'est qu'notre état d'esprit ne dépends que d'nos choix
Pierrot a rencontré sa jolie Colombine
Oh Dieu c'est insensé comme deux mains se combinent