Sous la Plume
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Expériences d'écriture d'émotions et de pensées
 
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 Une idée...

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MessageSujet: Une idée...   Une idée... Icon_minitimeDim 24 Aoû - 15:13

(bon, j'admets, c'est un peu long... voilà le début, ou une partie, je ne sais pas trop, toujours est-il que c'est au début^^ du projet sur lequel je planche depuis bientôt deux ans. projet qui a évolué, et mûri, évidemment...)




« Marc?
-Oui, Lili?
- Je t'aime.
- Moi aussi. »


L'église était pleine. Instinctivement, je cherchai Marc du regard, pour m'aider à supporter cette épreuve. Mes yeux ne rencontrèrent que le vide. Puis, un cercueil. C'était lui qui y était dedans, aujourd'hui. Je réalisai soudain que plus jamais il ne me sourirait ou me prendrait dans ses bras. Son rire et sa bonne humeur s'étaient envolés avec lui. Mon coeur se déchira et je sentis rouler une larme sur ma joue. Furtivement, je l'essuyai.
« C'est pas le moment de craquer... Attend d'être dans ta chambre. Attend d'être seule. ».
J'inspirai. Relevai la tête et balayai des yeux la foule assemblée en ce lieu. Une majorité de lycéens, quelques profs, sa famille, ses amis, et puis des curieux, aussi. Personne, heureusement, ne faisait attention à moi.
« Tant mieux, pensai-je, comme ça, personne ne te voit pleurer. ».
Je croisai alors un regard couleur obsidienne, mais profondément chaleureux. Mr Miraval m'observait intensément, un léger sourire triste égaré sur les lèvres. Je plongeai mes yeux dans les siens et y lus du chagrin. Tout simplement. Il était à moitié aussi malheureux que moi. Lui aussi aimait beaucoup Marc. Tous les deux avaient le même humour, complètement nul parfois, j'admets. Et les mêmes yeux... Une main se posant sur mon épaule me tira de ma rêverie mélancolique. C'était la mère de Marc. Je me retournai brutalement, manquant de tomber de mon banc.
« Aelis, me chuchota-t-elle, si tu veux dire un mot après la cérémonie... ».
J'hésitai. Il y avait de grandes chances pour que je fonde en larmes devant tout le monde. Mais tant pis. Il s'agissait de Marc.
« Ok », je répondis avec une assurance que j'étais loin de posséder.
Elle eut un pauvre sourire et me serra la main avec force. Je compris alors combien cela était important pour elle. Mme Helsvick rejoignit son mari. Il la prit dans ses bras en adressant un signe de tête au prêtre, qui commença le service funèbre. De la musique s'éléva dans l'église. C'était le Requiem de Fauré. Combien de fois avions-nous écouté ce morceau, couché sur son lit en mangeant des nounours en guimauve... Je m'absorbai dans les voix angéliques, refusant d'entendre, refusant la réalité. Puis, ses parents prirent la parole. Aveuglée par les larmes, je ne saisissais que des bribes telles « un garçon heureux », « si gentil », « épanoui ». Soudain je captai un nom. Le mien. Mme Helsvick tendait la main vers moi, le regard brillant. Je montai sur l'estrade à ses côtés. Je ne savais absolument pas quoi dire. En désespoir de cause, je me raclai la gorge. Puis, je me lançai :
« Marc, je... Excusez-moi, je... », balbutiai-je. « Bon sang de bon sang... ressaisis toi! », me morigenai-je. Je baissai la tête. Inspirai à fond. Levai mon regard et repris :
« Aujourd'hui, une part de moi est morte. Parce que mon double, mon moi, a cessé d'être. Marc, tu es parti avant moi et je... ».
Les larmes commençaient à me brouiller la vue. Je les essuyai rageusement du revers de la main. « Grâce à toi, j'ai appris la patience, tu m'as montré combien la vie est belle, mais fragile, aussi. Et puis, grâce à toi, j'ai connu l'amitié. Pas la relation copain-copine, mais, vous voyez, la réelle amitié. »
Je commençais à m'embrouiller, ce qui était mauvais signe.
« Pour moi, tu as été, es, et resteras un frère. Le seul et l'unique. Je ne sais pas si t'es en mesure de m'entendre, mais, je tiens à te le dire, parce que je ne te l'ai jamais assez dit chaque jour, que... je t'aime. Oui. Et malgré le fait que tu ne sois plus là, avec moi, je te jure que je ne t'oublierai jamais. Que je continuerai de te chérir jusqu'à ce que je meure. Et si tu m'écoutes, je te dirais simplement que... que tu me manques, Marc. ».
Ma voix se brisa. C'était plus que je ne pouvais supporter. Je redescendis de l'estrade en silence et m'assis lourdement. Plusieurs mains se posèrent sur mes épaules. Mais je ne me retournai pas. Je n'avais pas envie d'être consolée. Et quand vint le moment d'aller au cimetière, le courage me manqua. C'était plus fort que moi. Je m'enfuis.

Je courus jusqu'à la maison, montai quatre à quatre les escaliers et claquai la porte de ma chambre. Je laissai éclater mon désespoir. Mes hurlements alertèrent mes parents. Ils entrèrent et découvrirent une pièce dévastée. J'avais jeté au sol tous les livres et les meubles. Les posters avaient été arrachés et pendaient lamentablement, les coussins avaient été éventrés. Des plumes voletaient à travers ma chambre. Ils me trouvèrent adossée au montant de mon lit, les yeux grand ouverts. Ma mère regarda tristement mon père, mais ne dit rien. En silence, ils refermèrent la porte et redescendirent les escaliers.

« J'ai faim.
- Tu as toujours faim, de toute façon!
- Arrête de dire des bêtises, voyons! Je suis en pleine croissance, c'est normal que je mange!
- Elle est nulle, ton excuse! Dis plutôt que tu veux faire un sort au gâteau que maman a fait hier!
- Mince, comment t'as deviné? »


Ce regard. Voilà bien longtemps que je ne l'avais pas croisé. Noir d'encre. Comme le mien. Elle m'observait intensément depuis son banc, à l'autre bout de la nef. Comme si elle cherchait à percevoir le fond de mes pensées. Le fond de mon âme. Ses yeux étaient cernés de bleu sombre et étaient rouges. Elle n'avait certainement pas dû beaucoup dormir. Je ne devais pas avoir meilleure mine. Depuis que j'avais appris le décès de Marc, j'errais comme un fantôme dans mon appartement, l'air hagard, une tasse de café à la main, la démarche peu assurée tel quelqu'un ayant trop bu. Ce garçon était, avec Aelis, l'élève avec lequel j'adorais le plus discuter. Ils faisaient vraiment la paire tous les deux. Toujours ensemble, heureux, profitant à fond de la vie. Qu'avait-il bien pu se passer?
Elle détourna soudain les yeux pour parler à Mme Helsvick. Je repris contact avec la réalité et regardai les gens assis tout autour de moi. Certains semblaient abattus, mais j'en aperçus d'autres en train de rire. Je reconnus des élèves de mon cours. Profondément agacé par leur irrespect, je me promis de leur en faire part la prochaine fois que je les verrai. Si ma timidité maladive et mon bégaiement me laissaient tranquille, évidemment. La cérémonie commença. Toutefois, je n'en écoutai pas un traître mot. Je réfléchissais. Que s'état-il passé? Marc s'était fait de plus en plus absent, vers le mois de novembre, laissant une Aelis complètement perdue qui déambulait dans le lycée comme une âme en peine, les traits tirés et le regard soucieux. Puis, il était revenu, amaigri, pâle, mais toujours aussi joyeux et ironique. Il avait certainement été malade. L'arrivée de décembre avait jeté un voile de tristesse sur Aelis et Marc. Je les voyais moins rire, ou parler. Leur relation n'était que silence, mais tout aussi, voire plus, forte. Et puis janvier. La dernière fois que j'avais vu Marc, c'était le vendredi de la rentrée. Il n'était plus jamais revenu au lycée, depuis.
Quelqu'un se leva dans l'église et monta sur l'estrade pour prendre la parole. C'était Mr Helsvick. Sa femme le suivit. Je les écoutai parler. Peut être allaient-ils donner des réponses à mes questions, qui sait? Plusieurs minutes passèrent sans que je n'apprenne rien de nouveau. Je laissai alors mon esprit divaguer, sans pour autant être totalement ailleurs. Soudain, j'entendis un mot. « malade ». c'était donc ça. Marc était atteint d'une maladie grave. Et elle l'avait tué.
Aelis monta alors sur l'estrade. Elle avait détaché ses cheveux qui lui tombaient jusque dans le milieu du dos. Elle portait un vieux jean noir serré, qui renforçait la sensation de maigreur et de mal-être émanant de sa silhouette. Un large pull en laine sombre à col triangulaire lui descendait jusqu'aux cuisses. Et elle était chaussée de ses doc martens usés, qui auraient bien mérités un coup de cirage. Elle hésitait beaucoup dans son discours, et n'aurait probablement jamais gagné la palme de l'éloquence, mais sa sincérité et sa spontanéité ne la rendaient que plus touchante. Après quelques minutes, elle retourna s'asseoir, complètement abattue.
La musique, qui avait cessé, reprit.
« Requiem de Fauré », notai-je silencieusement. Aelis avait pleuré en l'entendant, au début du service funèbre. Ce morceau avait peut-être une signification particulière pour elle...


« Lili?
-Oui, Marc?
- Je vais mourir, tu sais. »
Je déglutis péniblement et sentis les larmes me monter aux yeux. Marc me prit alors la main et la serra très fort dans la sienne. Enfin, aussi fort qu'il put. C'est à dire doucement. J'embrassai le cathétaire fixé sur le dos de sa main et regardai mon ami dans les yeux. Un sourire passa sur son visage calme aux traits tirés.
« Oui.. Je sais...
- Je voudrais que tu me promettes quelque chose, Lili.
-Quoi?
- Pour mon enterrement...
- Non! »
J'ôtai brusquement ma main de la sienne et me bouchai les oreilles.
« Non, hurlai-je, non!
-Lili...Lili, écoute moi... »
Son regard était suppliant.
« Lili, on doit se rendre à l'évidence, je vais mourir. Qu'on le veuille ou non, dans quelques temps, je pourrirai dans un cercueil. »
Je lui jetai un regard aterré. Il cessa aussitôt de plaisanter et repris son air grave.
« Que veux-tu? lui demandai-je, en reprenant sa main fatiguée entre la mienne.
- Je voudrais qu'à mon enterrement on passe le Requiem de Fauré... Tu sais combien j'adore ce morceau, et toi aussi, alors, voilà, tu veux bien? »
Je ne répondis pas. J'acquiesçai simplement.


Il pleuvait. C'était la seule certitude que j'avais. Enfin, non. Il faisait nuit, aussi. Oui. Tout était noir et mes yeux étaient mouillés. Je me redressai. J'étais couchée à même le sol dans ma chambre. J'appuyais sur l'interrupteur et obtins une lumière blafarde. Il était 17:42. soit trois heures et quarante-deux minutes depuis... Je jetai un coup d'oeil à mon miroir. Une fille au teint translucide et aux yeux cernés de violet m'observa. Une photo se reflétait dans la glace. J'éteignis brusquement la lumière et sombrai dans une forme d'inconscience.

« Attend, ne bouge pas. Je vais faire une photo.
- Mais tu me photographie sans cesse, Marc!
- Que veux-tu ma chère, c'est parce que tu es très photogénique! D'ailleurs, je vais venir t'admirer à ton cours de danse de salon. Je ferai de belles photos, comme ça. »
J'éclatai de rire.
« Si tu veux!
- En belle robe, tu vas faire tourner la tête à ton cavalier! Comment s'appelle-t-il, déjà?
- Erwan.
- Ah oui, Erwan le chevalier, Erwan le prince charmant! exagéra-t-il.
- Oh, arrête! Serais-tu jaloux de lui?
- Moi? Bien sûr que non, reprit-il avec sérieux.
- En tout cas, il est très sympa.
- Mais je n'en doute pas, chère amie! blagua-t-il. Bon, alors, mademoiselle l'étoile de ballet, puis-je vous photographier? »


J'ouvris la porte et allumai la lumière. Mon appartement était bien en désordre. L'esprit embrumé, je rangeai méthodiquement chaque chose à sa place pour m'occuper. Pendant plusieurs minutes je me surpris à déranger puis à ranger de nouveau de menus objets pour me donner la sensation d'aller bien. Car je n'allais pas bien. Je prit un ouvrage au hasard dans ma bibliothèque qui prenait à elle seule un mur entier, et m'assis lourdement dans mon fauteuil favori. C'était la version anglaise d'Orgueil et Préjugés de Jane Austen. J'ouvris le roman et tombai sur la scène où Mr Collins demande la main d'Elizabeth Bennet. Un sourire passa sur mes lèvres. Je me levai et allai chercher à la cuisine une tasse de thé. Puis je m'installai confortablement dans le fauteuil, et me replongeai dans la fin du XVIII° siècle.
La sonnerie de mon portable me réveilla. Je sursautai et tombai par terre. Le jour entrait par la fenêtre. Je m'emparai de mon mobile et décrochai :
« Stéphane?
- Euh, oui... Ma voix était rauque.
- C'est la vie scolaire. Êtes-vous malade?
- Euh, non, pourquoi? Fis-je, d'une voix plutôt hésitante. Quelque chose clochait. Mais quoi?
- Dans ce cas, pourquoi n'êtes-vous pas au lycée?
- Au lycée? Euh... Pourquoi? Attendez, quel jour sommes-nous? Quelle heure est-il?
- Eh bien..., la voix semblait hésiter. Peut être croyait-elle que j'avais la gueule de bois. Pas impossible, en effet. Nous sommes jeudi 5 février, et, il n'est pas loin de neuf heures...
- Neuf heures?! Ciel! Pardonnez-moi, dites à ma classe que j'arrive! Je... Je... je me dépêche! Je serai là dans moins de vingt minutes!
-Très bien. A tout à l'heure. »
Je pris la douche la plus rapide que j'aie jamais prise. Je renonçai à porter le costume et optai pour le premier jean qui me tombait sous la main. J'enfilai ensuite une chemise que je n'avais même pas repassée au préalable et me chaussai de mes vielles tennis complètement usées. Puis, je pris mon sac, mes clefs et courus jusqu'au lycée. J'y arrivai complètement essouflé, mais enfin éveillé. Je passai par la vie scolaire, afin de m'excuser. Puis, je montai quatre à quatre les escaliers jusqu'à la salle 27. Mes élèves étaient déjà assis et discutaient. C'était la classe d'Aelis. Tout le monde s'attendait à ce que quelqu'un se moque gentiment de mes vêtements et de mon air hagard. Tout le monde attendait la remarque pleine d'ironie de Marc. Mais rien ne vint. Quelques regards se tournèrent vers la place vide près de la fenêtre. Aelis leva alors la tête. Ses yeux me transpercèrent comme des rayons X :
« Eh bien, Monsieur? Votre réveil vous a fait le coup de la panne? Où est votre costume? Vous l'avez taché? »
J'aurais pu la coller pour cette impertinence. Mais je n'étais pas ce genre de prof. Sa remarque avait détendu l'atmosphère qui s'était sudainement alourdie. Elle sourit. « Pas avec les yeux », notai-je. Je choisis de rire. Puis, je m'assis au bureau :
« Bon, j'admets, j'ai eu un peu de mal à émerger, ce matin... »
La classe éclata de rire. Sauf Aelis.
- Et pour ce qui en est de votre tenue, monsieur? me demanda malicieusement une élève.
- Eh bien... Je n'ai pas eu le temps de me préparer comme d'habitude... Bref, et si on passait à la littérature?

- Monsieur?
- Oui Marc?
- Pourquoi portez-vous une chaussette rouge et une bleue?
Stéphane éclata de rire.
- Parce que...
- Je suis sûr que vous avez troué une chaussette de chaque paire. Alors, du coup, vous portez les deux autres ensemble! Vous me direz, je fais pareil, sauf que celles que je porte aujourd'hui elles sont vertes à rayures bleues et noires, regardez!
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